La longue attente de l'ange

Category: Livres,Romans et littérature,Romans historiques

La longue attente de l'ange Details

Venise à la fin du xvie siècle. Le Tintoret, peintre volcanique, anticonformiste et plein d ambition, s est battu par tous les moyens pour asseoir sa réputation. à l approche de la mort, il s interroge sur son existence en tant qu artiste et sa vie familiale mouvementée. Au coeur de ses pensées se trouve sa fille illégitime adorée, qui a appris la musique et la peinture à ses côtés : Marietta, l incarnation de ses rêves et son oeuvre la plus réussie. Dans une Sérénissime au décor singulier se nouent une foule d histoires merveilleuses habitées par des personnages inoubliables, parmi lesquels se détache la figure solitaire et émouvante de Marietta.

Reviews

Il me reste encore environ 90 pages pages à lire, tandis que j'écris ce commentaire. Il me tarde de les lire, et je repousse pourtant ce moment car ce sera triste de quitter Marietta et la Venise du 16ème siècle. J'ai lu les autres commentaires et je regrette que certains lecteurs n'aient pas pu accéder au charme de ce roman. Non ce n'est absolument pas difficile à lire, et aucunement ennuyeux. Mais, amateurs de Guillaume Musso, passez votre chemin, on est ici dans une autre dimension. Oui il faut un peu plus de lenteur et d'attention pour pouvoir apprécier pleinement ce livre, mais il n'en est que plus fort en émotion.Le roman retrace les derniers jours du Tintoret, peintre vénitien du 16ème siècle. Le célèbre peintre va mourir, et s'adresse à Dieu. Le roman est écrit à la première personne à la manière d'un journal. Le Tintoret évoque sa vie, en espérant la miséricorde divine. Mais le sujet principal est sa fille naturelle, Marietta, qui, instruite par lui, deviendra peintre également. Le Tintoret voue à Marietta une véritable adoration, à la limite de l'inceste (qu'il ne franchira pas). Marietta a elle-même pour son père une admiration et une dévotion sans limites.Tout pourtant était improbable...et ce n'est sans doute que la République Démocratique de Venise, qui affiche une liberté de pensée et de m?urs inconcevable ailleurs à cette époque, qui permit ces incroyables destinées, puisqu'ici tout est vrai.Ainsi, Jacomo Robusti, fils de teinturier, d'où son surnom de "Tintoret" s'intéresse dès son plus jeune âge aux couleurs et décide de devenir peintre, tandis que ses origines n'auraient pas du le lui permettre. Bien que rejeté par le maitre de l'époque (Le Titien) et la critique en général, il persévère et se consacre entièrement à son art. Il néglige sa vie personnelle durant sa jeunesse, mais fait une rencontre qui le comble : Cornélia, d'origine allemande, qui lui donnera une fille, Marietta. Fille illégitime dans une époque où les femmes n'ont que peu voix au chapitre, Marietta aurait du n'être rien. Mais son père la protège et lui enseigne la peinture, il en fait une femme libre. Cependant en lui permettant l'impossible il la rend dépendante de lui-même, et paradoxalement elle devient son esclave. Le Tintoret, malgré sa liberté de pensée, ne sacrifie tout de même pas à toutes les conventions. Il fait un mariage de convenance, qui lui donnera de nombreux enfants. Il enrôle ses fils dans son atelier, tandis qu'il envoie ses filles au couvent.Au travers des évocations, se dessine le portrait d'une Venise à la fois merveilleuse (étonnamment moderne dans ses m?urs) et glauque (l'hypocrisie de la bourgeoisie, l'épidémie de peste. Le Tintoret et Marietta s'intéressent aux bas-fonds de la société). Tout se passe ici, dans cette famille, dans ce vase clos qui est l'univers du Tintoret, dans la passion de la peinture et l'exigence du travail auquel tout le reste est sacrifié. Un travail de création sans relâche, qui dévore mais permet d'accéder au sublime.Au fil du récit, j'ai aimé et détesté le Tintoret. J'ai retrouvé l'atmosphère de la théâtrale de la ville de Venise. J'ai découvert l'étonnante Marietta.Ce roman est avant le récit de destinées hors du commun, belles, tristes, tragiques. C'est aussi le récit de rencontres, de relations humaines, de paradoxes. Un livre que je vais conserver précieusement pour le relire dans quelque temps peut-être tant il m'a touchée, car c'est sans doute aussi une réflexion sur la liberté. A mon avis, un petit chef d???uvre, merveilleusement écrit et documenté. Ne pas hésiter à passer les cinquante premières pages pour se laisser envouter...!