Bouddhas et rôdeurs sur la route de la soie (nvelle éd.)

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Bouddhas et rôdeurs sur la route de la soie (nvelle éd.) Details

Qui étaient ces archéologues de tous pays qui se ruèrent en Asie centrale, à la découverte de cités perdues, de trésors ensevelis, de bibliothèques oubliées sous les sables du Taklamakan ?Qui étaient ces savants explorateurs sans scrupule qui fouillèrent et pillèrent grottes, temples et monastères abandonnés depuis plus de dix siècles sur la route de la Soie ?Qui étaient ces aventuriers audacieux qui se disputèrent avec acharnement - en dépit des faussaires et des trafiquants - « l'un des plus riches musées du monde » et emportèrent avec leurs caravanes fresques, sculptures, manuscrits et oeuvres d'art inestimables, dans des conditions extravagantes ?Voici le roman vrai de ces découvertes archéologiques et de ces exploits, le récit d'une course aux trésors, le livre de l'un des moments les plus importants de l'histoire de l'art.

Reviews

Ne vous fiez pas au titre imposé par l??éditeur français à ce livre, comme l??écrit très explicitement Peter Hopkirk, l??auteur anglais de « Foreign Devils on the Silk Road » dans un avertissement : ce livre n??est pas non plus un « roman » - même si en quatrième de page, on parle de « roman vrai » - , mais plutôt (du moins en seconde partie) le récit (qui se veut rigoureusement historique) de l??attitude désinvolte et souvent scandaleuse des « diables d??étrangers / foreign devils », aventuriers plus ou moins explorateurs, anthropologues, archéologues, linguistes et/ou historiens/marchands d??art (mais aussi parfois de vrais intellectuels qui maîtrisaient des langues rares**), et qui, toujours au péril de leur vie ou du moins de leur intégrité physique, et souvent sous le couvert de ??missions?? confiées soit par des musées, soit par des institutions ou encore des pays (la Suède, l??Allemagne, l??Angleterre, la France, le Japon, les Etats-Unis) ont été pendant le premier quart du XXème siècle piller les ?uvres d??art sérindien et gréco-bouddhique* dans des grottes, des monastères, des bibliothèques des cités perdues des oasis du désert de Taklamakan, sur ce qui fut à une autre époque les routes « pleines d??aléas » des caravanes qui transportèrent de l??Orient vers l??Occident (et réciproquement), certes de la soie de Chine (de là évidemment le nom de la route), mais aussi tant des produits de luxe que d??usage courant comme des cosmétiques, des médicaments, des aromates, du vin, des épices, des pierres précieuses, du bois rare, des livres, des tapis etc.On suit ainsi à la trace des pionniers « archéologues/historiens de l??art/rodeurs/pilleurs/voleurs » [cela dépend des points de vue et de la période où on écrit], parmi lesquels on citera le Suédois Sven Hedin (1869-1952), puis Aurel Stein (1862-1943), Hongrois d??origine, (qui maîtrise à moins de 20 ans le latin, le grec mais aussi le sanscrit, titulaire d??un doctorat à 21 ans), naturalisé anglais, docteur honoris causa d??Oxford et de Cambridge, anobli par le gouvernement britannique), qui fera quatre expéditions en Asie centrale à la recherche entre autres, de manuscrits écrits dans des langues des premiers siècles de notre ère, et qui prouvaient qu??une civilisation à l??origine bouddhique s??était diffusée jusque dans les oasis sur la route de la soie à travers le désert de Taklamakan.On accompagne ensuite l??entrée en scène des Japonais et des Allemands, qui à leur tour vont spolier les traces des civilisations anciennes pour approvisionner les musées et accroître leur renommée ; on suit en particulier et à la trace l??Allemand Albert van Lecoq et son assistant Théodore Bartus qui arrachèrent et scièrent des centaines de kilos de statues, fresques et ?uvres d??art pour les envoyer à Berlin (où elles seront pour la plupart détruites dans les bombardements des alliés à la fin de la seconde guerre). Un drame pour l??auteur, parce qu??en affirmant « protéger l??art gréco-bouddhique » des multiples menaces locales (religieuses, politiques et ? paysannes) et en le transportant en Occident, on va malgré tout provoquer sa disparition ou son désintérêt (quelle est la place actuelle de ces ?uvres d??art dans les musées d??Occident ?)Mais ce livre est aussi beaucoup plus que la vie et la carrière de ces aventuriers : on profite de l??énorme érudition de l??auteur, on se prend à relire des passages, à essayer de compléter une donnée et on découvre ainsi en arrière-plan ce que fut l??âge d??or de la Chine sous la dynastie des T??ang (618-907), l??arrivée du bouddhisme en Chine, l??essor du manichéïsme et du christianisme nestorien dont les adeptes furent bannis d??Occident après le concile d??Ephèse en 432 jusqu??au bannissement de toutes les religions étrangères qui eut lieu en chine en 845.Ainsi, on apprend que, lorsque la dynastie des T??ang commença à décliner, le destin de la route de la soie suivit le mouvement, ce qui entraîna la disparition de toutes ces cités si prospères et en même temps celle de leurs monastères, temples et des ?uvres d??art qui ornaient ces bâtiments et inspiraient le culte. Le déclin s??échelonna sur plusieurs siècles (suite à l??assèchement des fleuves en provenance des glaciers, écrit P. Hopkirk, ainsi que l??arrivée brutale du prosélytisme guerrier de l??Islam qui mit à mal l??art figuratif accusé dans cette religion d??anathème). Et voilà comment toute une civilisation a pu disparaître dans les sables du désert de Taklamakan jusqu??aux expéditions à la fin du XIXème siècle qui les feront revivre pour quelques décennies éphémères malheureusement : « De terribles dommages, irréparables, ont été commis sur ces temples et sur ces sites au cours de la ruée qui suivit cette découverte, dans le but de s??approprier des exemples de cet art pour fournir les musées et collection » (p.43).Un (amer) regret cependant : ce livre ne contient que deux cartes; la première (p. 27) présente les pistes principales de l??ancienne route de la soie - et est quasiment illisible - et l??autre s??étend certes, sur une double page (pp. 28-29), mais est tellement minuscule en réalité que cela en devient inutilisable. Cela n??est pas imputable à l??auteur mais à l??éditeur. Evidemment, le lecteur trouvera sur le net ce qu??il cherche mais cela reste dommage que l??éditeur (qui offrait en janvier 2018 une nouvelle version de ce livre paru à l??origine en anglais en 1980) n??ait pas prévu d?? accompagner chaque voyage des « explorateurs » par un tracé plus net de leur périple, parce qu??alors ce livre eut été parfaitement réussi.* ??La pénétration du bouddhisme en Chine ne donna pas seulement aux Chinois une nouvelle religion, mais leur révéla un style tout à fait nouveau appelé à l??origine style serindien, mot formé de Sères qui désigne la Chine et Inde » (écrit P. Hopkirk, en p. 42). L??imposant massif de l??Hymalaya coupait totalement la Chine de l??Inde et excluait tout contact direct entre ces deux pays, continue-t-il. Mais le message et l??art bouddhiques pénétrèrent en Chine via le royaume bouddhique du Gandhara (au nord-ouest du Pakistan actuel). Dans ce royaume avait déjà eu lieu une sorte de fusion entre l??art bouddhique indien importé par les souverains du Gandhara et l??art grec qu??Alexandre le Grand avait introduit dans cette région quatre siècles plus tôt (ibid.); l??invention la plus révolutionnaire de cette école greco-bouddhique (dite « école de Gandhara) consista pour la première fois à représenter le Bouddha sous forme humaine : pour la première fois dans l??Histoire, des « artistes du Gandhara ont sculpté des Bouddhas dotés d??un nez et de sourcils droits, finement ciselés, de lèvres classiques, et de cheveux bouclés qui témoignent d??influences hellénistiques » (p.43), de même ??la robe transparente de Bouddha s??apparente à une toge méditerranéenne, alors que d??autres caractères appartiennent à l??iconographie indienne : les paupières globuleuses, les lobes des oreilles allongés (mais dépouillés des pierres précieuses) et l??ovale de son visage charnu??. (p. 43)** que dire (à titre de ??simple?? exemple) de la langue utilisée sur des tablettes que sortira Sir Aurel du désert : un ancien prâkzit indien, écrit en kharoshthi .

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